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The Pan African Music Magazine
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Jacob Desvarieux : le pilier de Kassav a le blues et le revendique !

À l’invitation du Festival Banlieue Bleues, le guitariste et compositeur antillais Jacob Desvarieux a réuni un combo d’amis musiciens pour créer Nanm Kann (l’âme de la canne) et nous révéler sa vision du blues, forcément créole. Avant de fêter les 40 ans du groupe Kassav l’année prochaine, cette nouvelle aventure scénique permet de découvrir l’un de ses génies créateurs, de manière plus intime – et tout aussi joyeuse !


Comment est née l’idée de cette création ? Est-ce une commande du festival Banlieues Bleues ?

En fait, l’histoire a commencé en 2000 avec l’un des mes projets solos, l’album Euphrasine’s Blues. Un disque enregistré entre la Côte d’Ivoire, la France, les États-Unis et les Antilles où je raconte en condensé l’histoire des îles qui m’ont vu grandir, celle de Kassav et de la création du zouk (NDLR Mélange de sons caribéens comme le gwoka, le bèlè ou le calypso, arrosés d’une bonne dose de pop). J’y salue au passage toutes les musiques noires qui ont nourri le monde, à commencer par le blues. Car, en tant que guitariste, c’est par le blues que j’ai commencé. 

Depuis 18 ans, chaque année, des directeurs de salles ou des producteurs me demandent d’en faire quelque chose pour la scène. Comme on prépare une très grosse tournée en 2019 pour fêter les 40 ans de Kassav, on joue moins cette année. J’ai donc accepté tout de suite la proposition du festival Banlieues Bleues et réuni un combo de musiciens que j’aime bien et avec lesquels j’avais envie de travailler (Jerryka Jacques-Gustave à la voix lead et aux chœurs, Allan Hoist au saxophone) ou avec lesquels j’ai déjà travaillé (Guy Nsangué à la basse, Thierry Vaton aux claviers, Thomas Bellon, à la batterie et au ka, des membres actuels ou passés de Kassav). Ensemble, on va revisiter des titres d’Euphrasine’s Blues, mais aussi des morceaux tirés d’autres albums, écrits notamment par Jocelyne Béroard ou Patrick St Éloi, le tout dans l’esprit du blues.


C’est quoi « l’esprit du blues » ?

C’est une manière de faire passer nos émotions, de raconter notre vécu. Quand j’écoute la musique que l’on fait aux Antilles, notamment avec Kassav, pour moi, c’est du blues.

Quand on parle de blues, on parle des esclaves dans les champs de coton. Dans les champs de coton en Amérique, comme dans les champs de canne aux Antilles, les esclaves ont dû inventer des musiques pour oublier la douleur. Nous avons vécu la même histoire, des souffrances impensables. 


Et la « Genèse » de cette histoire, pour reprendre le titre d’ouverture d’
Euphrasine’s Blues, c’est l’Afrique. Un autre morceau de l’album, auquel la chanteuse Angélique Kidjo prête sa voix, y fait référence : « African music ». Est-ce que vous allez le jouer le 23 mars ?

Oui, absolument, nous allons jouer ce titre. D’abord parce que l’idée a toujours été de créer un pont entre l’Afrique et les Antilles, deux cousines qui ont grandi chacune de leur côté, mais ont un patrimoine musical commun. Moi je suis né à Paris, j’ai passé mes dix premières années entre la Martinique et la Guadeloupe, puis je suis revenu à Paris avant de vivre quelques années au Sénégal. Et quand je suis revenu en France et que j’ai commencé à jouer de la guitare, je jouais du blues et du rock et je me suis rebranché sur la musique antillaise quand j’ai entendu African Music, cette chanson de Bil-o-men. J’ai aimé ce morceau et je me suis dit qu’un jour j’aimerais bien le reprendre sur un disque. Je l’ai fait et pour le prochain concert, c’est Jerryka Jacques-Gustave qui va le chanter.


L’album d’
Euphrasine’s Blues se termine par un très court extrait, une seule phrase accompagnée par Willy Salzedo au piano, d’un des plus gros succès de Kassav : « Zouk la sé sèl médicaman nou ni ». Est-ce que tu peux nous traduire cette phrase et nous expliquer ce choix ?

Ki jan zot fé / M’pa ka konpran’ / Zot ka kon si pa ni pwoblem veut dire « Comment vous faites vous pour vivre comme s’il n’y avait pas de problèmes ? » 

De mon point de vue, la musique a toujours été créée pour faire danser les gens quel que soit le genre (classique, jazz…). Nous, on fait de la musique pour que des gens l’entendent et qu’ils l’aiment bien. Éventuellement, on met un message dessus. lls vont donc chanter et puis à un moment ils vont se dire : « mais qu’est ce qu’ils racontent ? ». Et ils découvriront que c’est peut-être pas si léger que ça. 


Et dans
Euphrasine’s Blues, cette chanson au feeling résolument bluesy, tu dis quoi ?

Le prénom est celui d’une de mes ancêtres. Je l’ai trouvé en remontant le fil de mon arbre généalogique et je l’ai trouvé sympa. Le reste n’est que pure fiction (rires: je raconte l’histoire d’un gamin qui a voulu percer le secret d’une très belle femme voleuse de mari !


Le morceau « Fo pa an pro » (d’après « Message of love » de Jimi Hendrix) est une ode à la guitare. Est-ce vous allez jouer ce titre pour
Mamn Kaan ?

Hendrix figure sur l’album parce qu’il m’a impressionné dès le début et que, près de 50 ans après sa mort, il m’impressionne toujours. Jusqu’à aujourd’hui, à part les guitaristes qui font du jazz pur et dur, aucun guitariste ne peut dire qu’il n’a pas été influencé par Hendrix. Je ne sais pas encore si nous allons jouer ce morceau (NDLR Nous rencontrons Jacob Devarieux au premier jour des répétitions), mais nous allons jouer un titre de Georges Benson. Pas parce ce que je l’admire en tant que guitariste, ça évidemment, mais parce qu’on a trouvé la manière dont on voulait porter notre regard sur le titre On Broadway !


Quel visage de Jacob Desvarieux le public va-t-il découvrir avec
Namn Kann 

Les gens ne connaissent que les plus gros succès. Là, c’est une autre façon de voir les choses. C’est le même mec, ce sont des morceaux que j’ai composés, ça reste dans la même veine, mais il y a d’autres influences et surtout d’autres musiciens – et pas des moins talentueux – pour les interpréter. Ce sera un répertoire un peu plus politique que celui de Kassav’, même si nous avons toujours été concernés par les enjeux d’identité. Ce sera juste plus explicite, mais pas moins joyeux !


D’autres dates sont prévues ?

Il y a des demandes, mais rien de signé. Si nous arrivons à concilier les agendas de chacun, ce qui n’est pas évident, nous devrions aller jouer en Martinique, en Guadeloupe, en Guyane, à la Réunion, à New York et à Montréal. À Paris aussi bien sûr. Mais on aimerait ne jouer que dans des petites salles de 200/300 places.


Namn Kann, le vendredi 23 mars à 20h30, Salle Jacques Brel, Gonesse (95)

Lire ensuite :  L’indomptable liberté de Danyèl Waro

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